Vous avez un reflex, mais vous êtes encore sur le mode auto ? Dans cet article je vous explique les bases de la photo avec quelques termes techniques, mais surtout des exercices simples à mettre en pratique chez vous pour redécouvrir votre APN et pour prendre enfin du plaisir à faire de belles photos.
Allez la suite !
Le début
Alors oui, je sais, le manuel de votre appareil photo est aussi épais qu’un livre de Tolkien (oui, le mec qui a écrit le seigneur des anneaux) et que passer des heures à lire des termes techniques incompréhensibles c’est pas votre tasse de thé, donc pas de panique !
J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous, la bonne c’est que pour prendre un maximum de plaisir à faire des photos il y a un (petit) gap technique à franchir, il va falloir persévérer un peu pour laisser de côté la frustration de ne pas avoir les clichés de vos rêves et pour enfin être fier de votre travail de photographe.
La mauvaise, c’est qu’il va falloir expérimenter pas mal avant de trouver les bons réglages en photo. Mais vous verrez qu’une fois ce gap franchi, tout viendra naturellement. Henri Cartier Bresson disait que « vos 10 000 premières photos sont vos pires ». Il avait raison car, avec l’expérience, vous serez en mesure de savoir de quel réglage vous aurez besoin pour telle ou telle scène à prendre en photo.
Il est dommage d’investir autant d’argent dans du matériel et de rester sur le mode auto… Allez, il est de temps de s’y mettre, la technique photo n’est pas si complexe vous allez voir
Premier conseil
Je vous donne mon premier conseil : prenez votre appareil photo en main, vous voyez la molette sur le dessus ? Tourner la sur mode A ou Av chez Canon.
C’est le mode que j’utilise on va dire à 90% du temps pour faire des photos. Les 10% du temps restant sont dus à l’utilisation du flash en mode manuel ou en studio.
Pour les puristes de l’ancien temps qui liront ces quelques lignes, non, pas de mode M manuel ici : cela fera l’objet d’un autre article de blog, vous comprendrez. Ce mode est parfait pour le reportage et les photos de tous les jours.
Lorsque que vous prenez votre appareil en main sur la molette en gauche vous avez ce petit A inscrit chez Nikon ou chez Canon Av, A signifie Aperture (ou diaphragme en français). Dans ce mode vous ne gérerez que la « quantité » de lumière qui arrive jusqu’au capteur.
C’est vous qui définissez l’ouverture grâce au f (que vous voyez dans le viseur entre autre), c’est la quantité de lumière qui rentre dans l’appareil. La vitesse sera calculée par le boîtier pour que la photo soit correctement exposée, voilà déjà un début pour sortir du mode automatique !
Ménage à trois
Dans les grandes lignes, nous autres photographes avons 3 grands paramètres à prendre en compte pendant la prise de vue, on parle alors en photographie de triangle d’exposition.
Les ISO
Derrière ce mot barbare se c
ache en fait la sensibilité à la lumière des capteurs numériques, cette norme était déjà valable du temps des pellicules argentiques. Les reflex numériques ont repris cette norme pour les capteurs.
Pour faire simple, on envoie plus ou moins d’intensité (amplification du signal) dans le capteur pour compenser un manque de vitesse. Par exemple ISO 100 est la valeur de base standard des appareils photo, si vous passez à 200 ISO vous doublez l’intensité et donc la vitesse par la même occasion.
Les ISO permettent de récupérer de la vitesse quand vous manquez de lumière mais attention les ISO ont tendance, à forte dose, à parasiter le signal du capteur. On parle alors de bruit numérique peu esthétique. Il est donc préférable d’avoir autant que possible les ISO le plus bas possible et d’utiliser le trépied dès que le manque de lumière se fait sentir et que la vitesse d’obturation est trop faible.
La vitesse d’obturation
La vitesse d’obturation est le temps que met à s’ouvrir l’obturateur c’est à dire la pièce mécanique située entre l’objectif et le capteur. En temps normal ce « rideau de fer » est toujours maintenu fermé. Cette vitesse correspond à un temps donné pour que la photo soit bien exposée, souvent quelques millièmes de seconde.
Je ne sais pas si c’est clair, mais en gros c’est comme une fenêtre qu’on ouvre ou ferme rapidement pour laisser passer la quantité de lumière dont on a besoin pour que la photo soit parfaitement exposée.
Le diaphragme
Le diaphragme est un élément mécanique à l’intérieur des objectifs qui permet d’obstruer plus ou moins la quantité de lumière qui arrive jusqu’au capteur. Il est généralement constitué de plusieurs lamelles formant un cercle plus ou moins petit dans l’objectif. Elles ont aussi un lien direct avec le bokeh ou flou d’arrière-plan, mais nous y reviendrons dans un prochain article.
C’est cet élément, le diaphragme, qui gère la quantité de lumière qui arrive jusqu’au capteur grâce au fameux « F ». Il est aussi en lien avec la profondeur de champ. Plus les « f » sont petits, plus la zone nette sur la photo sera petite et vice versa. Par exemple, sur un portrait en intérieur on utilise f/2,8, alors qu’un paysage en plein soleil sera plutôt à f/13.
Les modes P S A M sur la molette
Sur la molette de votre boitier vous avez d’autres fonctions intéressantes. Dans ces modes c’est votre reflex qui gère une partie des paramètres pour que votre photo soit parfaitement exposée. Ce sont les modes P S A M.
Voici en détail leur signification :
Mode P pour programme
Dans ce mode Programme le boîtier calcule lui-même la vitesse d’obturation et le diaphragme, vous avez donc à gérer les ISO. C’est en gros un autre mode auto déguisé. Je n’utilise absolument jamais ce mode, avis aux amateurs : passez votre chemin…
Mode S pour speed
Dans ce mode c’est vous qui gérez la vitesse d’obturation, le boîtier qui contrôle l’ouverture du diaphragme parfois appeler Tv chez Canon pour time value (valeur du temps) pour que votre photo soit parfaitement exposée. Ce mode est utile en photo de sport ou la vitesse est primordiale pour être sûr de ne pas avoir de photo floue…Parce que oui le but c’est d’avoir la bonne exposition sur vos photos!
Mode A pour aperture ou ouverture
Comme dit plus haut, ce mode permet de contrôler la quantité de lumière qui arrive sur le capteur.
Mode M pour Manuel
Contrairement au mode auto, ce mode fait encore profondément débat chez les photographes de l’ancienne et de la nouvelle génération. Du temps de l’argentique (il n’y a pas si longtemps en fait…), tout était manuel et même parfois pas d’autofocus pour la mise au point !
Dans ce mode vous contrôlez tout de A à Z, autant vous dire qu’une bonne dose de maitrise est nécessaire. Les « anciens » ont gardé leurs habitudes « full manuel » en passant sur les boitiers numériques. Je vous ferai un article en entier sur le sujet il y a beaucoup de choses à dire !
Et le reste?
Pour l’instant il y a assez de mots techniques à apprendre pour sortir du mode automatique sur votre reflex, pas la peine d’en rajouter une couche ce n’est pas le but de cet article. Mais rassurez-vous, vous aurez assez de temps pour faire le tour des autres fonctions de votre boîtier au fur et à mesure de votre progression en photographie.
Je ne parlerais pas ici non plus de composition, mais il reste plein d’options pour peaufiner la prise de vue, la mesure matricielle, le bracketing, etc… Les limites de créativité des boîtiers actuels sont quasi sans fin !
Mise en pratique du mode A
Action
Premier exercice simple : prenez votre appareil photo en main, essayez dans un endroit assez lumineux, plutôt à l’extérieur ou en direction d’une fenêtre par exemple, c’est bon ?
Tournez la molette de automatique jusque sur le mode A, laissez les ISO à 100 et le diaphragme ouvert au «f » minimum suivant les indications sur votre objectif.
Appuyez à moitié sur le déclencheur, le boîtier calcule alors la vitesse nécessaire pour faire la photo.
Si vous utilisez un zoom standard, style 18-55, ne descendez jamais vous la vitesse de la focale utilisée (si vous êtes à 50mm ne descendez pas en dessous de 1/50s). Par mesure de sécurité, je vous conseille de doubler ce chiffre pour éviter tout risque de photo floue…
En terme photographique on parle de flou de bougé quand la vitesse est trop faible et que la photo n’est pas assez nette, voilà un terme technique en photo que vous risquez de croiser très souvent !
A ce moment deux options s’offrent à vous, soit vous avez la bonne vitesse supérieure à la vitesse dite de sécurité c’est parfait (il vaut mieux trop de vitesse que pas assez) ; soit vous êtes en dessous et là c’est le drame !
On peut compenser en montant les fameux ISO, les ISO correspondent à l’unité de mesure de la sensibilité de votre capteur (voir plus haut). Plus ils sont bas (ex : 100 ISO, 200 ISO etc…), moins votre capteur sera sensible à la lumière.
A l’inverse, plus on les pousse, plus vous obtenez de la sensibilité et donc vous compensez le manque de lumière. Problème : plus les ISO sont hauts (ex : 3200 ISO, 6400ISO, etc…), plus ils créent du bruit électronique pas très esthétique ; on parle de montée en ISO.
Seulement voilà, plus votre boîtier reflex sera haut de gamme, meilleure sera la sensibilité et meilleure sera sa capacité à capter les lumières faibles (dite « basse lumière » comme les salles de concerts par exemple).
A vous de jouer
Voilà, maintenant le jeu consiste à garder cette vitesse de sécurité et maintenir les ISO suffisamment bas pour avoir une qualité d’image optimale.
N’oubliez pas que dans les endroits trop sombres, les photos à main levée ne suffisent plus. Il faut utiliser un trépied et de préférence de bonne qualité, à noter qu’un trépied élimine d’office tout risque de flou de bougé.
Pensez aussi à utiliser une télécommande ou le retardateur du boîtier (ça m’a dépanné un bon nombre de fois !) pour déclencher sans toucher au boîtier et par la même occasion éliminer tout risque de flou de bougé.
Vous allez donc jouer sur ce ménage à trois (ISO, les « f » du diaphragme, et la vitesse) et, grâce à ce mode A, c’est le boîtier qui gère la vitesse !
Maintenant place à la créativité !
Voilà vous avez les principes de base pour sortir du mode auto, maintenant voici quelques réglages simples de base pour des scènes classiques que vous rencontrerez forcement dans votre pratique photographique
Paysages
On utilise plutôt f8 et au-dessus pour avoir toute la scène parfaitement nette, les ISO les plus bas possibles. On dit qu’on « ferme » un peu, par exemple ISO 100 f16 1/250s (en plein soleil l’été).
Portrait
On utilise plutôt l’ouverture beaucoup plus grande comme f2,8 voire plus bas si vous utilisez des objectifs très lumineux à f1,4 ou f1,8. Là c’est parfait pour détacher le sujet de son fond. Par exemple ISO 100 f1,4 1/320s.
Photo en intérieur
Là on utilise les ISO pour compenser le manque de lumière et avoir une vitesse suffisante pour ne pas avoir de photo floue, par exemple ISO 1600 f2,8 pour 1/125s. Attention au bruit numérique pas esthétique, si possible utilisez un trépied.
Plaisir et photographie
Vous voilà aux portes du plaisir de la photographie ! Avez cet article, vous avez des bases pour commencer sérieusement à vous faire plaisir, mais il va falloir persévérer. Ne vous découragez pas trop vite, il faut un certain temps pour maîtriser les tenants et les aboutissants de votre reflex. Je suis moi-même passé par là !
N’oubliez pas une chose, avec le recul, j’ai remarqué que je faisais de meilleures photos en connaissant parfaitement mon boîtier parce que je connais ses limites, ses défauts, ses forces et faiblesses ; ce qui me permet de partir l’esprit tranquille en reportage mariage ou en shooting.
Un dernier truc, c’est shootez shootez shootez et shootez encore ! Il n’y a que ça de vrai. Vous allez très probablement louper des photos à vos débuts, mais peu importe, le numérique nous permet de rapidement nous débarrasser des photos ratées.